11/10/2013

Poème de marche

Sortir de chez soi et, dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, faire le tour du pâté d’immeubles, de maisons, du champ s’il on est à la campagne ; le poème est composé et appris par cœur le temps, et uniquement le temps, du parcours. Une fois revenu chez soi, on  le couche sur papier sans y apporter de retouches.
Un poème de marche est un poème composé sur le motif et en déplacement:

En jean, basket et blouson noir
Rue éclairée, mal éclairée
Je reste seul désespéré
Je marche seul sur le trottoir.
 
Un piéton vert, le feu est rouge,
Je tourne la tête, plus rien ne bouge.
 
Je continue ma route,
Je longe le lierre,
Ca ressemble à hier
Je n’ai plus de doute.
 
Je passe devant Laforêt
Je les déteste, je les hais.
 
Je continue ma route
Je vise le coté,
Le chinois est fermé,
Je n’ai plus de doute.
 
Au salon Cultur’elles,
Il n’y a pas de culturistes
Je poursuis donc ma piste,
Et prend la rue Roosevelt.
 
Sept lampadaires, ils ont fait fort.
Je prends alors, la rue de Belfort.
 
Je croise un bus,
Je baisse les yeux.
Si je ne m’abuse,
Il ne me toise pas.
 
Dernière ligne droite, j’entends la télévision.
Ce soir, c’est sûr, je ne la regarderai pas.
Comme un sourd à qui l’on crierait « Attention ! »
Je n’y prêterai pas garde.
 
Un portail, un code,
J’entre finir mon verre.
Chaussettes grises, T-shirt beige,

Et alliance à l’annulaire.