Le portrait de sa ville, de son village, mais en n'utilisant que les voyelles contenues dans son nom.
Avant
de gagner septembre et la rentrée des classes, année après année, été après
été, c'est le terme des vacances et la fête à Grabels. Les tables des terrasses des cafés et
des bars se chargent de verres de blanc et de pastaga. La départementale traversant Grabels
est barrée, pas d'accès c'est la règle. Les platanes, ces arbres de
la grand place, cléments, cachent l'astre. Dans
le dédale des axes de Grabels, c'est le lâcher de vachettes avant le carnaval
et le spectacle des "Garces de Grabels" - de la grâce je ne m'en
rappelle pas tant... Les enfants
demandent de l'argent, campent et bavent devant les stands de barbe à
papa, de crêpes et cherchent, alertes, à rentrer dans les manèges.
Les bras, tenant les cannes, pêchent les canards. Des cadets argentés achètent
farces et attrapes. Les cadettes argentées préfèrent, elles, les balades à
cheval à sept francs.
Le bal
à papa brasse les âges avant que les pépés et les mémés ne s'écartent. Les
parents cherchent les enfants échappés, le cache-cache est géant. Place à
la fête des ardents. La scène met
en avant "Max et les starlettes": sax, basse, gratte et chant. Danse,
regards en travers et femmes fantasmées. A
l'écart des fêtards et de la masse, des lèvres se cherchent. Éméchés, les
amants allègrement s'embrassent, se dévêtent. Sexe dressé, sexe pénétré, enfant
l'année d'après... pas de père déclaré. Verre
après verre, à en être malade, - "allez c'est la fête!" - le
jaja a gagné. A l'écart des masses, gavé, le rendre et prendre gare à ne
pas marcher dans la gerbe en partant, tentant de regagner sa chambre.
Ces mares sales léchées par des chats affamés et dégénérés.
Et là
regardez : cela dégénère. C'est la bagarre générale, la castagne. La bande de
Grabels face à celle des Matelles, ravages dans les rangs, dents par
terre, vêtements tachés de sang et la lame, menace présente dans les
vestes des mecs :
-
"allez remballe le! Arrête de merder là! Calme les gars..., c'est la fête,
allez pas la gâcher!"
-
"ca va se gâter, j'appelle les gendarmes."
-
"Appelle les, là le gars est en danger, ce mec va le dépecer. Dépêche
!"
Les
pépés et les mémés gravent et parlent de ce spectacle : "Ah les garnements! les
chenapans!"
L'astre
se lève. Le pépé émerge de ses pénates, se lamente : " Ah ce dégât,
j'exècre la fête". Le pépé regarde les déchets balancés devant les
stands en attente des agents chargés de ramasser, de laver, de ranger et
de remettre en état la place ravagées par les fêtards : "Ah la
fête de Grabels..."