Mine
de rien, des gens de Lillers vivent de rien et de temps en temps restent en
chien. Ère de crise, les chefs des entreprises licencient, la vie est difficile
ceci dit derrière les grilles il reste le rire, des élèves s'éveillent et
respirent. De temps en temps il neige et les fins vêtements d’élèves disent :
c’est l’été. De temps en temps, les pères et les mères intimidés par les
grilles invisibles préfèrent mentir et rendre terribles les vies de fils
et de filles. De temps en temps les fils et les filles s’émerveillent et
brillent infiniment. Et les gens enseignent, édictent bien les règles,
remplissent et signent les relevés, sincères et de temps en temps énervés,
dépités. L’enseignement est difficile. Midi, le self : Rémi pense ciné,
Miss Chevrier dit ‘c’est mimi !’, Didier rit et pense friterie, Clément,
tête inclinée, est légèrement perfide, Steph imite bien les gens, le mec d’EPS
s’énerve, Hélène s’indigne, Bébér s’étire, il s’est épris de Pérette, Pérette
le méprise. Il pense : ‘Est-ce Perrine ?’ Le vin le mène-t-il
lentement vers l’ébriété ? Récré : si des élèves pénibles crient et se
jettent les pires épithètes, Geneviève, très gentille directrice, et le
terrible cpe veillent et ne mentent en rien ! Lillers, de mes trimestres
d’enseignement chez ti, je retire l’envie d’enseigner, et cette pensée :
‘Si Lille et ses vieilles pierres rient de Lillers, ciel ! Lillers rit de
ce fiel et reste fière.’