Un À supposer est un texte composé d’une phrase unique
très développée, initiée par la formule : « À supposer qu’on me
demande ici de… »
A supposer qu’on me
demande ici de réfléchir et de tenter d’identifier les raisons qui ont poussé
bien des personnes rencontrées au fil de ma vie à me trouver une apparence
latine et à me croire d’origine hispanique, alors que rien, dans mes
ramifications généalogiques, ne conduit vers la péninsule ibérique ou quelque
autre contrée latine, bien au contraire, mes ascendants se trouvant plutôt être
des protestants du nord de l’Europe, il me faudrait alors pour commencer
relever avec ceux qui m’ont fait cette observation une peau plutôt mate et une
chevelure brune abondante avant de m’interroger sur mon goût pour la langue
castillane comme si j’avais voulu, sans en rien en avoir conscience, valider de
façon fort polie les hypothèses faites sur mon faciès et enfin finir par me
demander si ce n’est justement pas cet éloignement culturel et géographique
avec les mondes dans lesquels ont grandi mes géniteurs qui aurait constitué, quelque part dans mon inconscient, un orient, même si celui-ci est plutôt situé à
l’ouest du continent eurasiatique, un antipode terriblement attirant qui
m’aurait permis de me croire – vaine illusion – libre de toute histoire et de
tout héritage familial.