28/05/2013

Traduction antonymique

Dans un énoncé donné, remplacer chacun des mots importants (substantif, verbe, adjectif, adverbe) par un de ses antonymes possibles. Par exemple, la traduction, par Georges Perec, de la première phrase d’A la recherche du temps perdu : « Longtemps je me suis couché de bonne heure » donne « Une fois, l’autre fit la grasse matinée »

Le texte original puis, à suivre, sa traduction antonymique en italique.


"Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire? Frapperait-il au travers? L'angoisse lui tordait l'estomac; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même - de la chair d'homme. La seule lumière venait du building voisin : un grand rectangle d’électricité pâle, coupé par les barreaux de la fenêtre dont l’un rayait le lit juste au-dessus du pied comme pour en accentuer le volume et la vie. Quatre ou cinq klaxons grincèrent à la fois. Découvert ? Combattre, combattre des ennemis qui se défendent, des ennemis éveillés !"
André Malraux, La condition Humaine, p.1

Tchen renoncerait-il à la couvrir d'un drap? Effleurerait-il sa surface? Le plaisir lui raidissait le bas ventre. Il oubliait sa mollesse, mais depuis longtemps il connaissait cela, juste ennuyé par cette fumée sombre qui montait de l'âtre vers son âme aussi rigide qu'une statue, et qui rentrait dans ses narines totalement dilatées par l'effort, la petite mort - mystère des temps. Toutes ses idées noires partaient vers de lointaines contrées : une forme complexe et vive, une flamme attisée par les épreuves surmontées dont l’une avait épargné sa peau juste sous son menton comme pour effacer le vide et la mort. Un long soupir, un seul, le caressa. Caché ? Se laisser aller, se laisser aller vers cette amie qui se donnait, une amante somnolant !
 Alpesdo Bienpet, La relativité animale, p.1